Dix nouveaux professionnels de l’insertion diplômés

Les dix lauréats, en compagnie des formatrices Aurore Delvalle et Yovana Topalovic, et de Vaimu’a Muliava.
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À l’issue d’une formation de dix mois assurée par l’Ifap* et prise en charge par le gouvernement via la DFPC*, dix encadrants techniques, pédagogiques et sociaux (ETPS) viennent de se voir remettre leur diplôme. Un diplôme de niveau Bac destiné à professionnaliser les acteurs de l’insertion.

Ce mercredi 14 août à l’Ifap, sept jeunes femmes, Lynsay, Nicole, Malia, Vaïmiti, Agnès, Henriette et Anaël, ainsi que trois messieurs, Sosefo, Joachim et Darryl, ont officiellement reçu leur diplôme ETPS, en présence des représentants de la DFPC, des formateurs et employeurs.  « Cette formation m’a permis d’approfondir mes connaissances en matière d’accompagnement technique ou social ou d’animation de séance, de mieux communiquer, et d’apprendre au contact des collègues, explique Darryl Gavin, ETPS depuis quatre ans à Active. Mais surtout j’ai pu gagner en confiance. Je suis encore jeune, je viens juste d’avoir 23 ans, et j’encadre la plupart du temps des personnes plus vieilles que moi. Jusque-là, on avait une relation un peu de copains. Depuis que j’ai suivi cette formation, leur comportement n’est plus le même, je sens une certaine hiérarchie, davantage de respect ».

Au début des années 2000, la DFPC décide, via des actions de formation, de professionnaliser les acteurs de l’insertion : encadrants techniques, pédagogiques et sociaux, conseillers en insertion, formateurs… Certaines de ces formations sont qualifiantes et permettent l’obtention d’un diplôme. Celui d’ETPS en chantier d’insertion est créé en 2013 par la Nouvelle-Calédonie au vu des besoins exprimés par les structures d’insertion. Des structures communales ou associatives (dans le cas d’associations exerçant une mission de service public et subventionnées par les collectivités, notamment les provinces).

Un travail difficile

Entièrement gratuite et prise en charge par le gouvernement, la formation ETPS s’adresse à des professionnels déjà en poste dans une association d’insertion, mais ne maîtrisant pas l’ensemble des compétences qu’ils doivent mettre en œuvre. Ils ont la technique, la formation leur donne un bagage pédagogique plus solide et de meilleures connaissances en accompagnement. « Ce diplôme est la reconnaissance d’une très grosse année de travail, affirme Aurore Delvalle, chef de projet métiers de la formation et de l’insertion à l’Ifap. Aujourd’hui, ces professionnels savent construire des séances de formation, identifier les difficultés d’apprentissage de leurs publics, prendre en compte leurs besoins. Ils font un travail vraiment difficile, devant viser la pédagogie tout en étant soumis à des objectifs de production : savoir démarcher, obtenir des chantiers, vendre le produit de l’activité d’insertion ».

Absente lors de la remise des diplômes, Marianne Devaux, directrice de l’Ifap, a tenu à remercier les lauréats, par la voix d’Aurore Delvalle. Elle les félicite pour leur engagement, leur dévouement, le travail accompli, partage leur fierté, et perçoit surtout « la difficulté de [votre] tâche pour accompagner au quotidien pendant des semaines, des mois, voire plusieurs années les plus faibles et fragiles d’entre nous, afin de leur permettre par leur travail d’accéder à une reconnaissance malgré leur handicap social, physique ou psychique ».

Changer la face de son destin et cheminer vers la lumière

Membre du gouvernement notamment en charge de la fonction publique, et nouveau président de l’Ifap, Vaimu’a Muliava ne cache pas son émotion : « C’est par ce genre de dispositif mis en place par les collectivités et les associations que chacun d’entre nous peut changer la face de son destin et cheminer vers la lumière. Aujourd’hui, en redonnant ses lettres de noblesse au service public, vous allez en même temps changer le destin de beaucoup d’autres gens. Par des actions comme celle-ci, nous arriverons à impulser un souffle nouveau aux petits frères et petites sœurs qui sont perdus, à leur donner des perspectives ».

Lynsay, 32 ans, est encadrante technique depuis deux ans à l’APEI. « Avant, je travaillais au feeling. Maintenant, je retransmets tout ce que j’ai appris durant la formation. J’ai découvert plusieurs outils pédagogiques, comme un guide d’apprentissage en format papier, et je vois déjà le résultat avec les jeunes. À l’atelier de lingerie dont je m’occupe, ils comprennent mieux et vont plus vite. »

* Institut de formation à l’administration publique ; Direction de la formation professionnelle continue 

 

Vaimu’a Muliava remet son diplôme à Lynsay Awe.
Vaimu’a Muliava remet son diplôme à Lynsay Awe.

 

 

Une formation en alternance
De niveau 4 (Baccalauréat), le diplôme ETPS sanctionne des périodes de formation à l’Ifap alternant avec des mises en situation pratiques de montées en compétences. Du 23 juillet 2018 au 28 mai 2019, la dernière session comptait 7 unités de formation, 308 heures en présentiel, soit 44 jours, et 3 accompagnements sur poste de travail. Elle était complétée de deux formations sur l’usage des technologies de l’information et communication et le renforcement des savoirs de base. Pour la première fois depuis la création du diplôme, la totalité des candidats présentés à la session de certification l’a validée. Ces 10 nouveaux diplômés ETPS (une quarantaine depuis le début) vont poursuivre l’exercice de leurs missions : à l’Association calédonienne pour le travail et l’insertion vers l’emploi (Active), l’Association des parents d’enfants handicapés (APEH), l’Association des parents et amis de personnes handicapées intellectuelles (APEI), l’Association solidarité handicapés (ASH), Handijob et l’Institut spécialisé autisme, ainsi qu’à la mairie de Païta.

 

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