Chiffres
La Nouvelle-Calédonie n’échappe pas au problème de l’illettrisme et de l’innumérisme.
L’illettrisme a été évalué par l’enquête "Information et vie quotidienne" réalisée par l’Institut de la statistique et des études économiques en 2012, tout comme les difficultés de lecture chez les jeunes de 16 à 25 ans.
Par ailleurs, des tests de lecture et de compréhension sont organisés par le Service national chaque année, lors des Journées défense et citoyenneté (JDC).
Les chiffres parlent d’eux-mêmes…
L’enquête "Information et vie quotidienne" a eu pour objectif d’évaluer les compétences des adultes dans les domaines de l’écrit, du calcul et de la compréhension orale, en se référant à des situations de la vie courante. Elle a été conduite en 2012 par l’Institut de la statistique et des études économiques (ISÉÉ), avec le précieux concours de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSÉÉ) et de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI).
Près de 2 200 adultes âgés de 16 à 65 ans ont participé à l’enquête.
En 2013, les résultats de l’enquête, selon l’ISÉÉ, indiquent qu’un adulte sur quatre âgé de 16 à 65 ans, éprouve des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit.
Ces difficultés sont graves ou fortes pour 18 % de la population.
L’illettrisme frappe ainsi 29 000 personnes en Nouvelle-Calédonie.
Ce taux d’illettrisme est très largement supérieur à celui que connaît la France métropolitaine (7 % pour les 18-65 ans).
La population des illettrés de Nouvelle-Calédonie se compose :
- d’hommes : 56 %
- d’actifs en emploi : 48 %
- de résidents de la province Sud : 65 %
- de personnes âgées de 55 à 65 ans : 25 %.
Ces statistiques sur la répartition des illettrés selon différents critères (âge, genre, catégorie socio professionnelle, niveau d’études, zone de résidence…) doivent être impérativement complétées par la proportion des illettrés selon ces mêmes catégories car l’analyse n’est pas la même. Par exemple, le taux d’illettrisme chez les femmes s’élève à 17 % contre 19,3 % chez les hommes, soit 2,3 points de différence.
55 % des illettrés, soit 16 000 personnes, ont arrêté leur scolarité au niveau secondaire, les autres n’ayant fréquenté que l’école primaire.
Les jeunes (16-24 ans) sont moins touchés par ce phénomène mais on en dénombre malgré tout 4 000 en situation d’illettrisme.
Le parcours scolaire est le principal déterminant des carences en français. Cependant, la situation calédonienne face à l’écrit est moins défavorable que dans la plupart des départements d’outre-mer.
À l’inverse, en matière de calcul, les performances des Calédoniens sont préoccupantes, y compris pour les jeunes générations…
En effet, 4 adultes sur 10 ont des « problèmes de calcul ». En matière de numératie (règle de 3, résolution d’un problème simple...), les performances des Calédoniens sont globalement faibles.
Près de 40 % des adultes, soit environ 67 000 personnes, ont obtenu des résultats médiocres aux tests, avec moins de 60 % de réussite.
Depuis la mise en place de la Journée d’appel de préparation à la défense (JAPD) en 1998, baptisée Journée défense et citoyenneté (JDC) depuis 2011, le ministère des Armées recense les compétences en matière de lecture des jeunes âgés d’environ 17 ans, grâce à des grilles d’évaluation proposées par le ministère de l’Éducation nationale.
Quatre épreuves composent ce test d’évaluation :
- une épreuve d’automaticité de lecture,
- une épreuve de connaissances lexicales,
- deux épreuves de traitements complexes.
Ainsi, huit profils de lecteurs ont été déterminés. Les quatre premiers profils (1 à 4) n’ont pas la capacité de réaliser des traitements complexes (très faible compréhension en lecture suivie, très faible capacité à rechercher des informations). Parmi eux, les profils 1 et 2 peuvent être assimilés à l’illettrisme.
L’Observatoire de la réussite éducative (ORE) propose l’analyse suivante :
En 2018, en Nouvelle-Calédonie, parmi les 3 912 jeunes ayant participé à la JDC, un sur trois rencontre des difficultés dans le domaine de la lecture (31,5 %).
Pour la moitié d’entre eux, ces difficultés se révèlent sévères. Au final plus d’un jeune Calédonien sur six (17,7 %) peut donc être considéré en situation d’illettrisme.
Un taux 3,5 fois plus important qu’en Métropole (5,2 %)
Une étude comparative entre les résultats de 2013 et 2018 est effectuée et analysée ci-après :
Nouvelle-Calédonie | Métropole + DOM | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
2013 | 2018 | écart (en points) | 2013 | 2018 | écart (en points) | |
Jeunes en situation d'illettrisme (profils 1 et 2) | 16,19 % | 13,70 % | -2,49 | 3,82 % | 4,26 % | 0,44 |
Autres jeunes en difficultés de lecture - DDL (profils 3 et 4) | 16,31 % | 11,70 % | -4,61 | 5,19 % | 5,67 % | 0,48 |
DDL total (profils 1 à 4) | 32,5 % | 25,40 % | -7,10 | 9,01 % | 9,93 % | 0,92 |
Cette comparaison permet de noter plusieurs éléments :
- une nette diminution du pourcentage en Nouvelle-Calédonie : - 7,1 points (contre + 0,92 point sur la même période en Métropole) ;
- ces chiffres concernent uniquement la population scolarisée. Le taux d’illettrisme dans la population totale interrogée lors de ces JDC est sensiblement supérieur. En effet, en 2018, parmi l’ensemble des jeunes interrogés (scolarisés et non-scolarisés), le taux d’illettrisme s’élève à 17,7 % ;
- un quart des jeunes scolarisés est en difficulté de lecture (25,4 %), soit une proportion deux fois et demi supérieure à la Métropole (9,93 %).