Rebondir avec le parcours Trempo-ligne

Les stagiaires du parcours Trempo-ligne aux côtés de leur formatrice et référente illettrisme à l’École de la réussite, Juanita Paveli.
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Le gouvernement met en œuvre pour la deuxième année consécutive une action de lutte contre l’illettrisme à travers une formation réalisée par l’École de la réussite. Son nom ? Trempo-ligne, un parcours qui permet aux stagiaires de trouver les mots pour se reconstruire et réussir leur insertion professionnelle.

Studieusement attablés, Jeannette, Daisy, Yann, Théodore et leurs collègues, s’apprêtent, ce jeudi 26 septembre, à échanger sur leur second stage en entreprise qui vient de s’achever. Chacun a rédigé un petit texte et prend la parole à tour de rôle. Des gestes simples qui leur auraient paru impensables il y a quelques mois. Les dix stagiaires ont intégré l’École de la réussite le 16 avril après une phase d’entretiens pour déterminer leur motivation et leur niveau de difficulté en lecture, expression et mathématiques. D’une durée de huit mois, le parcours Trempo-ligne vise à leur faire acquérir les connaissances fondamentales – lire, écrire, calculer et communiquer – pour être autonomes dans la vie courante (démarches administratives, déplacements, etc.), mais aussi pour accéder à un emploi ou entrer en formation qualifiante ou diplômante.

Cette action de lutte contre l’illettrisme est financée à hauteur de 10 millions de francs par la Nouvelle-Calédonie, hors indemnisation des stagiaires.
Cette action de lutte contre l’illettrisme est financée à hauteur de 10 millions de francs par la Nouvelle-Calédonie, hors indemnisation des stagiaires.

 

Estime de soi

L’opération a été mise en place pour la première fois en 2018 à la demande de la direction de la Formation professionnelle continue (DFPC) de la Nouvelle-Calédonie qui « souhaitait proposer à son public une action de remédiation, avec un parcours plus long, pour lutter contre l’illettrisme. Une problématique qui concerne près de 18 % de la population calédonienne selon les derniers chiffres », explique Florence Lemaire, chef du service parcours et programme de formation à la DFPC. Située à Ducos-Le Centre, l’École de la réussite, qui disposait des ressources pédagogiques et de l’expertise nécessaires pour mener un tel projet, a présenté un programme correspondant aux attentes de la DFPC. « Le parcours Trempo-ligne mobilise des techniques et des démarches pédagogiques spécifiques pour répondre aux besoins de personnes identifiées de niveau I et II selon les critères de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, détaille Nathalie Tirebaque, directrice de l’École de la réussite. Mais ce n’est pas qu’une simple remise à niveau des compétences de base. La formation propose également une véritable reconstruction pour que les stagiaires retrouvent la confiance et l’estime de soi, ainsi que le sentiment d’efficacité personnelle ».

80 % de taux d’insertion

Pour cela, les apprenants, âgés de 18 à plus de 40 ans, bénéficient d’ateliers de travail, dirigés par des formateurs spécialisés dans l’illettrisme, qui font appel à des compétences transversales : communication interpersonnelle, numérique, élaboration d’un projet professionnel… Petit à petit, le parcours Trempo-ligne permet à chaque stagiaire de faire émerger les mots pour raconter son histoire et trouver ses repères perdus. « On voit nettement cette évolution dans leurs haïkus, les poèmes japonais qu’ils écrivent en atelier. Au départ, ils sont dans la noirceur, les mots sont forts et ensuite, tout s’éclaire », se réjouit Nathalie Tirebaque. « Les stages en entreprise leur offrent l’occasion d’appliquer les compétences nouvellement acquises. Ces expériences professionnelles leur prouvent qu’ils peuvent comprendre et se faire comprendre », ajoute Juanita Paveli, formatrice et référente illettrisme à l’École de la réussite. En 2018, 80 % des stagiaires ont trouvé un emploi à l’issue du parcours. Au bout de six mois de formation, à la question « Vous sentez-vous encore en situation d’illettrisme ? », la promotion 2019 répond désormais « Non ! » d’une seule et même voix.

Nathalie Tirebaque, directrice de l’École de la réussite, et Florence Lemaire, de la DFPC, ont échangé avec les stagiaires.
Nathalie Tirebaque, directrice de l’École de la réussite, et Florence Lemaire, de la DFPC, ont échangé avec les stagiaires.

 

Témoignages

Fabian et Jeannette ont évoqué leur expérience en entreprise.
Fabian et Jeannette ont évoqué leur expérience en entreprise.

Fabian Galibert, 40 ans
« Je suis agent de prévention et de sécurité. Je me débrouillais toujours pour disparaître si je devais lire quelque chose pour mon travail. Je me faisais aussi remplacer les jours où l’on passait des tests par écrit, mais mon employeur a fini par découvrir ma situation. C’est lui qui a fait la démarche pour que je suive cette formation. Je suis arrivé avec un sac vide, et maintenant, il est rempli ! J’ai réussi le test de mon entreprise. Je n’ai fait que deux fautes ! »

Jeannette Tufele, 34 ans 
« J’ai effectué un stage de trois semaines dans une entreprise de restauration. J’ai appris beaucoup de choses et j’ai déposé mon CV à la fin à la demande du chef. Ça change vraiment la vie de savoir lire et écrire. Avant, je ne pouvais pas lire une consigne. Pendant le stage, j’étais parfois obligée de faire des maths pour calculer des quantités dans une recette. Maintenant, j’y arrive, même si je n’aime pas le calcul ! »